Sandra Cornaz

Sandra Cornaz

Appelez-moi !

Après un accouchement hyper médicalisé… un AAD !

Un témoignage d’une maman que j’ai accompagnée comme doula et avec quelques séances d’haptonomie sur sa deuxième grossesse. Un premier accouchement hypermédicalisé malgré une parfaite gestion jusqu’à la dilatation complète… et un choix d’accouchement à domicile pour le deuxième accouchement… A. vous raconte !

Dans les grandes lignes, mon premier accouchement a été hyper médicalisé alors que j’étais à dilatation complète en arrivant à la mat’ et que je gérais très bien.

La sage-femme m’a proposé la péri alors que je n’ai rien demandé et m’a mis le doute. J’ai accepté avec beaucoup de regrets car, en plus d’avoir ralenti le travail, je n’avais plus de sensation et j’étais devenue dépendante de ce fichu écran pour mes contractions… Bref, j’ai eu une épisiotomie, 3 échecs ventouses et forceps. Pour au final, avoir une déchirure complète du périnée de niveau 3A. Sur le coup, je n’ai pas remis en question les pratiques et le protocole de l’hôpital… c’est bien plus tard que j’ai pris conscience de tout ça.

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Nouvelle grossesse, hors de question de retourner en structure. BooBoo et moi choisissons d’accueillir notre fille dans la chaleur de notre amour et de notre foyer accompagnés d’une sage-femme.

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Dans la journée du 28 avril, j’ai beaucoup de pré-travail depuis 4h du mat’, qui ne m’alarme pas, car ça fait 2 semaines que j’en ai tous les 2 jours environ. Ce qui me fait tiquer, c’est la présence de morceaux de bouchon muqueux coloré.

FUN FACT 1 : Ma sœur aînée accouche ce jour-là, d’une 2eme fille.

FUN FACT 2 : L’obstétricienne de la mat’ m’avait fixé un dernier rendez-vous de suivi (celui du 10ème mois). Au cas où. Il est ce jour-là. Je ne m’y suis pas présentée. Pas envie. Pas besoin.

On se pose en amoureux devant Harry Potter vol. 3 et, vers 22h, ça commence à devenir régulier mais pas douloureux, juste inconfortable. Je ne veux pas dormir avec un travail en cours…

BooBoo me propose de regarder un autre film, et on opte pour No pain, no gain qu’on avait déjà vu quelques années auparavant. Je check toujours mes contractions et ça se rapproche, toutes les 3min. J’attends de voir sur 1h, voire 1h30, si ça perdure.

Et effectivement, à 1h30 du mat, je décide d’appeler notre sage-femme pour la prévenir et je préviens également ma doula d’amour (Sandra l’haptonome oui, elle est aussi doula !) que quelque chose se trame.

La sage-femme arrive 1 heure après, vers 2h30, encore dans les vapes.

Elle m’ausculte et me dit : « On est qu’au tout début. » GRANDE DÉCEPTION en moi. Je regrette tout de suite de l’avoir alertée si tard dans la nuit – ou si tôt le matin – et pour rien.

Elle me demande où elle peut se reposer et je l’accompagne dans la chambre d’ami où elle m’explique qu’elle a enchaîné 4 jours non-stop ; elle est donc très fatiguée.

Je retourne dans le séjour, le cœur dans les chaussettes.

Au bout de 10 minutes, elle me rejoint et me dit : « C’est une 2ème grossesse, ça peut aller très vite. De toute façon, je reste là jusqu’à demain matin. En attendant, si tu arrives à te reposer, profites-en, la nuit peut être longue. »

Et elle repart.

Moi, assise devant la table basse, un peu réconfortée, je regarde dans le vide et attends.

BooBoo revient. Il était parti rendormir notre fils qui s’était réveillé au moment où notre sage-femme est arrivée. Il s’allonge sur le canapé et me demande si je vais bien :

« J’ai envie de pleurer, j’suis qu’au début de mon travail alors que j’étais déjà dilatée à 2 y’a 2semaines… »

Sur quoi, il me répond de venir me reposer près de lui et de laisser faire les choses. Je m’allonge donc à ses côtés. Suika, notre chatte, se blottit contre ma poitrine et je commence à somnoler.

Et là. BIM !! DOULEUR !

Qu’est-ce que c’était ?! Une contraction ?

Ok c’était une contraction, ça m’a fait pareil pour ma première grossesse. Les contractions avaient débuté dans mon sommeil… Je reste alerte à regarder l’heure. Une autre, 7 min plus tard. Encore une et une autre. Attends ! Si ça me provoque une douleur comme celle-ci à chaque fois, je ne pourrai pas rester allongée…

Je me lève avec difficulté et là, on passe aux choses sérieuses. Les contractions se rapprochent, 5min…

Je me mets à 4 pattes par terre, le bide dans le vide et je respire profondément.

Je visualise l’ocytocine et l’endorphine qui dansent ensemble afin d’ouvrir la porte à bébé.

Entre chaque contraction, j’essaye de me reposer… mais c’est que le retour est à chaque fois plus violent !

Donc je me mets debout, BOUM ! nouvelle contraction !

Vite le mur ! je m’y appuie, mais c’est tellement pourrie comme position !

J’attends que cette douleur passe et je retourne à 4 pattes, tout près du canapé où dort toujours mon BooBoo.

Ça devient infernal… le rythme est effréné, je n’ai même pas le temps de reprendre mes esprits qu’une autre contraction me tabasse déjà. Et je me dis :

J’ai besoin d’une péridurale, il faut qu’on aille à la mat ’! J’vais pas teni r!

Et tout de suite après :
No mais Any, tu vas jamais réussir à te lever, marcher et atteindre la voiture ! Tes contractions sont trop rapprochées… reste chez toi !

OK j’ai compris, je reste chez moi et j’encaisse cette douleur qui, à chaque fois, me donne l’impression d’arracher mon âme par la tête. Je vais peut-être tomber dans le vapes ?! Non ! Concentre-toi, ressens tes appuis dans le sol et ancre ton corps pour ne pas perdre pieds. Tu gères !!! Go !

3 heures se passent comme ça, avec des contractions de plus en plus rapprochées et un temps de récupération de plus en plus court.

Une nouvelle contraction, différente des autres. J’AI ENVIE DE POUSSER ! J’agrippe le genou de BooBoo encore endormi et lui dis :

« VAS CHERCHER LA SAGE-FEMME ! »

Il se redresse et je vois la brume disparaître de son regard, il s’exécute très vite.

C’est à partir de ce moment que tout devient flou.

À chaque interaction, je suis comme tirée sur Terre ; je dois faire un effort pour comprendre et entendre ce qu’on me dit.

Je le vois revenir avec elle en talons qui me demande comment c’est ; je ne comprends pas et lui demande de répéter pour enfin répondre que ça pousse.

« D’accord, je vais vous faire un examen pour voir où vous en êtes. »

J’ouvre les yeux, je perçois BooBoo assis en tailleur devant moi, silencieux. Ma sage-femme passe derrière moi, toujours à 4 pattes ancrée dans le sol, elle m’avertit de son action et déclare :

« OK, poussez quand vous en aurez envie. »

Le soulagement ! Je me recentre.

Ça pousse malgré moi, mais bizarrement je n’ai pas de douleur.

Ces contractions sont vraiment d’un autre genre, le ressenti est profond et intense. À chaque envie de pousser, je passe ma main sur ma vulve pour m’assurer de l’avancée de Pi. En effet, je sens que ça s’ouvre. Je me recentre encore et j’entends un son rauque émaner de ma bouche… C’est moi ce bruit ? C’est puissant et profond, comme animal. J’suis vraiment capable de faire ça ?! Mais ça m’aide tellement, alors je continue.

Je sens toujours que ça s’ouvre doucement, j’ai l’impression que quelque chose est sorti mais je ne suis pas certaine et c’est à ce moment que notre sage-femme me dit qu’il y a déjà la tête. Je passe à nouveau ma main entre mes jambes et je sens la tête de Pi dans le creux de ma main ! Cet instant est magique, intemporel. Elle est presque là… notre sage-femme me demande de pousser une nouvelle fois pour dégager son épaule. J’attends donc d’en avoir envie et je pousse, pas vraiment en fait car c’est mon corps qui le fait, et moi j’accompagne seulement. C’est presque doux, impensable comme sensation dans une telle situation…

Je sens quelque chose glisser hors de mon corps. Je respire très fort pour reprendre mes esprits et à ce moment-là, j’entends des pleurs de bébé. ELLE EST LÀ ! J’ouvre les yeux et je vois apparaître ce bébé entre mes jambes que notre sage-femme a déposé doucement sur le sol pour que je la prenne.

Et puis, je me souviens seulement avoir enlevé ma nuisette, attrapé mon bébé, m’être exclamée « mon bébé ! » » et entendre Franck mon BooBoo, muet jusqu’à cet instant, me dire avec bcp d’émotions dans la voix :

« T’as réussi BooBoo : »

Je me suis allongée avec Pi sur la poitrine et plus rien n’avait d’importance. C’est l’une contre l’autre que nous avons paisiblement rejoint Pluton ♡

Note : Malgré ma déchirure périnéale 3 ans auparavant, je n’ai eu qu’une éraillure qui s’est rétablie au bout de 10 jours. Donc périnée intact et grande victoire pour moi.