Sandra Cornaz

Sandra Cornaz

Appelez-moi !

L’AAD de Camille & Matthieu : la puissance d’une femme

Camille nous raconte ici son accouchement à la maison. Elle raconte sans détours, avec humour et authenticité ses ressentis intérieurs. Elle nous partage ses tâtonnements, ses essais de position, ses essais de comprendre où en est bébé dans sa progression. Elle raconte comment Matthieu a été présent pour et avec elle durant cette naissance, en respectant notamment le besoin de tranquillité, loin des regards, de Camille. Enfin, Camille résume ce qui lui a particulièrement été utile pour l’accouchement et souligne ses premières surprises en postpartum.

Attention âmes sensibles s’abstenir !

J’ai écrit ce récit de naissance le soir même de mon accouchement à domicile. Il était destiné à mes copines, donc plutôt cru, sans tabou, avec mes sensations et impressions du moment.

Vendredi 16/11/2018

18h30. Gros câlin d’amour avec Matthieu, et là début des contractions toutes douces, mais comme je n’en avais pas eues pendant tout le 9e mois (alors que j’avais contracté toute ma grossesse) ça me fait tilt.

Chéri, comme d’habitude, plane un peu, se dit que ce sera pour plus tard. Il pensait que le bébé allait arriver le 22. Il ne réalise pas. Moi, je me dis que ça arrive.

On part en soirée, on fait notre soirée (une constellation familiale à 45 mn de trajet, et ça dure plusieurs heures !). Je ne laisse rien paraitre, parfois je ferme les yeux, je me mets dans ma bulle, je respire calmement, j’accompagne, les contractions continuent, s’amplifient dans le bus du retour. Il est environ 22h.

Et là, en sortant du bus, ça devient plus « fort ». Je m’accroupis dans la rue, chéri rigole et ne percute pas. Je lui dis d’appeler sa manager, qu’il ne sera surement pas au boulot demain. Il n’a pas l’air d’y croire. Il appelle la sagefemme, mais comme il est hyper serein au téléphone, elle nous dit de prendre un antispasmodique, un bon bain et d’aller me reposer. (Je lis son sms et me dis « Grosse blague ».)

Mes contractions deviennent de plus en plus intenses. Je me dis que la sagefemme est à côté de la plaque, qu’elle a dû penser à un faux travail et, comme on est au premier bébé, elle a dû se dire qu’on l’appelait pour rien.

23h passées.

Après avoir pris des frites chez notre tandorii préféré, je m’accroupis dans l’ascenseur car je sens bien la contraction : chéri rigole et me prend en photo !

On arrive à la maison, et là, je sors la check-list. On finit la valise de maternité et on prépare l’appart : alèses, bâches, vieux draps, etc.

Chéri commence à percuter : il appelle sa chef, il me fait des tisanes de framboisier pour les contractions, il relit la check-list des choses qui peuvent m’aider : « tu veux faire du ballon ? te suspendre ? manger ? des caresses ? des massages ? », « non, non, non, merci, vas te reposer » —> Traduction fiche-moi la paix je veux être tranquille, je commençais à sentir l’envie de « me vider » #glamour.

On prend le temps de relire des livres sur l’accouchement (surtout moi ! je relis juste les phases et les passages que j’avais surlignés, car ça devient intense. (Ça m’aidera beaucoup par la suite).

J’installe l’attrape-rêve fabriqué avec les perles que les gens nous ont offerts, et ça me donne une force sacrée, réellement ! Je me sens puissante et soutenue.

Samedi 17/11/2018.

Il est environ 1 ou 2h du mat. (On a très peu regardé l’heure durant l’accouchement donc tous les horaires sont approximatifs.)

À partir de là, je dis à chéri d’aller se coucher. Je n’ai pas envie d’être touchée, mais juste d’être seule dans ma bulle, d’être tranquille pour pouvoir faire des choses non glamour sans me sentir gênée. Et Matthieu est crevé. Je préfère qu’il aille se reposer si jamais il y a besoin urgent d’intervenir plus tard, plutôt qu’il reste avec moi et ne « fasse rien » (Je n’ai besoin de rien.)

Je fais des allers-retours entre le canapé – où je fais des postures qui me soulagent – et la cuisine où je continue de boire ma tisane de framboisier.

Les premières « vraies » contractions fortes me font me vider. (Glamour quand tu nous tiens !) Je fais mes aller retours aux WC tranquille. Ça dure peut-être 1heure ou 2, par intermittence, durant lesquelles je sens que je dois aller me vider. Mais à la fin, ça devient super dur de rester assise aux WC, ou même accroupie. Et ça devient très très douloureux.

C’est un peu la déprime. Les contractions de 22h à 2h sont de plus en plus intenses alors que celles de 19h à 22h étaient des jolies vagues toutes douces. Je me sens dilatée à seulement 2 (j’en sais trop rien en fait, je viens de mesurer seule). Je me dit « punaise ça va être long ». Je regrette que la sagefemme ne soit pas là pour me dire, m’encourager, etc., mais comme j’ai pas le choix… je fais avec.

Pour la douleur, je fais différentes postures. Celle aux WC me provoque à la fin des contractions horribles ! je suis contente de m’être bien vidée avant (et heureusement pour la fin de l’accouchement d’ailleurs ! comme quoi le corps est bien fait).

Je prends une douche. Le jet chaud calme les contractions, mais j’ai besoin de bouger davantage pour trouver mes positions. Je sors de la douche et vais dans le salon. À la fin, je ne peux même plus me lever pour aller à la salle de bain, dans la douche ou aux WC. Je reste donc dans le salon sur le canapé (le seul endroit non bâché de la maison ! on a seulement mis des vieux draps pour le protéger… loooool…car je pensais pas du tout que j’allais accoucher là !)

Je trouve parfois une position avec laquelle la douleur est supportable, puis ça change. Il faut que je trouve une autre position. Dans ce cas-là, je cherche : parfois je tombe juste, parfois je douille encore plus. Il faut que je supporte la contraction dans une mauvaise posture… l’horreur !

Du coup, l’accouchement, c’est expérimentation non-stop et écoute continue de mon corps. Pendant les phases de repos (parfois courtes), je sens que mon esprit s’en va, puis la contraction arrive, monte et là, je me dis « noooon… pas déjà ! ». Après, soit ça va, j’arrive à lâcher prise, m’ouvrir, chanter, faire des sons, soit c’est dur dur et je souffre… juste je souffre…

Il y a même un moment où je pense « ah non ! je suis pas prête à avoir un enfant ! je suis pas prête à accoucher ! je veux rembobiner ! on recommence ce 18 février, seul jour où on met pas de capote, je veux y revenir et en remettre une #bordel ».

Vers 3-4h du matin je crois…

J’ai pas vraiment de notion d’heure car je n’ai pas mon portable (je l’ai regardé seulement 3 fois durant tout l’accouchement). Je me dis que le temps passe quand même vite, Matthieu dort. La contraction doit être intense cette fois : j’ai envie de m’enfuir !

Et puis parfois, je me dis : « Si j’étais à l’hôpital, là, je demanderais une césarienne ! ^^ ». Mais, de toutes manières, depuis 2h du mat’, je suis incapable de m’habiller, monter dans une voiture et aller à la maternité. Pour aller à la mater’, il faudrait que les pompiers m’y emmènent de force !

Puis vers 4-5h du matin,

Moment glamour où je me fais pipi dessus ! Ben flute alors ! Heureusement que j’ai plein de serviettes à portée de main ! Je vais quand même chercher un seau pour les mettre dedans. (D’ailleurs, le lendemain, Matthieu me demandera : « C’est quoi ce seau ? »). Et flute pour le canapé ! Je trouve que ça sent le bébé ! et là, je percute que je romps la poche des eaux ! Je me dis : « Chouette ! ça va s’intensifier ! » (et je regrette immédiatement cette pensée).

Là, moment où je gère les contractions en état de transe, en posture à genou accoudée sur des coussins. Je n’ai pas de souvenirs, plutôt un état de semi-conscience !

Ensuite il y a eu la grosse phase ! Alors, pareil qu’avant, je ne sais plus trop l’heure, vers 7h je pense…

J’ai des poussées réflexes importantes. Je sens la tête de bébé pas loin… mais pas engagée non plus. J’écarte un peu mon col de l’utérus autour pour aider. Je sens le haut de son crâne et j’essaie de me souvenir de mes formations de pédiatrie et du domaine prénatal [ndlr : Camille est kiné, ostéo, masseur et professeure de yoga] pour savoir dans quels sens sont bregma- lambda, pour définir son placement… mais je ne sens rien ! Je me dis juste : « Ah tiens, il n’a pas de cheveux ».

J’appelle même Matthieu pour qu’il vienne toucher : « Regarde ! touche ! c’est son crâne ! » (trop heureuse la fille !). Il me répond : « oui,oui » (Apparemment, il est un peu rebuté et ne sent rien).

Puis arrivent des poussées réflexes. Elles s’intensifient, ça pousse fort fort vers l’anus, comme une forte envie de faire ‘popo’ mais tu sens bien que c’est plus gros que ça^^ ! Et c’est là où tu bénis d’être vidée car rien ne sort^^ !

Il me semble que ça a duré longtemps. Encore une fois, je voudrais que la sage-femme soit là, me dise comment pousser, car je sens plus trop dans quel sens ça va. C’est mon corps qui pousse et je suis le mouvement . Je ‘force’ un peu, j’essaie d’accompagner, mais pas trop en même temps. Et un moment, je sens un crac !!! Gloups ! Je ne sais pas où ça a pété ! je suis deg’ ! ça me refroidit grave ! je pousse moins, j’essaie de laisser faire, de mieux sentir. J’étire beaucoup mon sacrum, je fais plus de bruits.

D’ailleurs, au début du travail, vers minuit je crois, je faisais des sons dans le coussin. Là, plus rien à faire des voisins, je crie parfois ! C’est même strident quand la contraction arrive vite, puis ça devient plus grave et ça se calme, et ça me calme. J’expérimente avec ma voix.

Il est environ 8h.

Je fais une posture type Bernadette De Gasquet, mais je me sens mal installée. Matthieu se réveille. Entre deux contractions où je sors de ma bulle (car à ce moment précis, plus rien n’existe !), je lui demande le bouquin qu’on nous a prêtés. Je vérifie juste la photo, pas le temps de lire (je voulais vérifier par où pousser pour ne pas s’éclater le périné mais tant pis !). J’adapte ma posture avec les coussins, sur le côté gauche, le bras qui pousse à fond contre le mur, la jambe (soit du haut, soit du bas) qui pousse fortement sur les coussins, le corps qui s’étire, le diaphragme qui remonte, j’étire mon sacrum, breeeeef, cette position me fait du bien ! Mais j’ai déjà tellement poussé avec mon bras contre le mur toute la nuit pour m’étirer que je fatigue… (et en ce moment où je rédige mon témoignage, j’en ai encore des courbatures aux bras, ça fait plus d’une semaine !).

Je m’étire au max dans mes postures. Puis, j’ai une phase debout durant laquelle je fléchis et tends les jambes, j’alterne. J’avais viré ma culotte après la rupture de la poche des eaux, du coup je suis en débardeur dans cette posture peu glamour… C’est évidemment à ce moment-là que Matthieu sort de la chambre ! j’ai les boules et je me sens vulnérable… j’ai pas envie d’être vue !).

Accroupie, ça ne passe pas, je n’aime pas, à quatre pattes c’est encore pire ! (J’avais imaginé que je ferais beaucoup ces postures et je ne les ai quasi pas faites. Le ballon n’a pas servi une seule seconde, comme quoi…)

C’est intense ! Il est environ 9h du matin.

Je dis plusieurs fois à Matthieu :« Appelle la sagefemme ! insiste ! » (En fait, elle est sur un autre accouchement, loin, et il y a un blocus du 17 novembre !).

Matthieu : « Elle me dit « fin de matinée »… je répond quoi ? »

Moi : « Mais ça pousse !!! »

Il est 9h, ça fait bien 2 heures que ça pousse sévère. Je commence à être saoulée par l’absence de la sagefemme. Je prends le téléphone, l’appelle.

Sagefemme : « Arrêtez de pousser ! Pourquoi poussez-vous ? » #grosseblague !

Moi : « Mais j’ai pas le choix, c’est le corps qui pousse ! »

Sagefemme : « Je serai là vers 11h-11h30. Je passe chez moi avant me doucher. » (La connaissant avec son retard habituel à tous les rendez-vous, je me dis qu’elle sera chez nous plutôt vers midi… Gloups ! Mais je garde quand même espoir qu’elle arrive plus tôt. J’en ai besoin !

Je prends mon mal en patience. Je crie de plus en plus fort. J’ai de moins en moins de repos entre les contractions, voire parfois quasi plus du tout, je crie, je crie, parfois je tempère, parfois ça va. En tous cas, j’en ai plus rien à faire des voisins.

Je ne vois pas Matthieu, et tant mieux car j’aurais peur de l’inquiéter.

Puis phase critique : je sens bien la tête qui commence à passer et remonter plusieurs fois, encore une fois, je ne sais pas trop où je pousse, si je dois insister ou pas. J’ai peur de m’éclater le périnée ! Mais ça pousse… alors j’aide, j’insiste un peu parfois.

La sagefemme arrive enfin ! Il est midi !!!!!!! À10 mn près, c’est Matthieu qui m’accouchait !!

(Il me dira par la suite qu’elle est arrivée pile au moment où il craquait psychologiquement, car depuis 7h du mat, il était dans la pièce à coté, sans rien dire, sans aller voir ou de très loin, et il restait calme, serein, en mode ‘ j’interviens au cas où ’, mais il m’entendait crier de plus en plus, et ça devenait insupportable pour lui ! Quand il a failli craquer, elle est arrivée !).

Là, je crie, je pleure aussi. C’est ça qui inquiète Matthieu. La sagefemme est arrivée toute pimpante, avec ses talons ! (quelle idée !!). Elle voit qu’on en est à la phase finale.

Je suis semi-accroupie devant le canapé, les bras tendus dessus, le buste étiré au maximum. Seule position acceptable par et pour mon corps, seule position qui me ‘soulage’ (façon de parler !) ou du moins, me fait le moins crier.

Elle sort le monito’. Je me dis qu’elle est à côté de la plaque, que ce n’est PAS DU TOUT le moment de faire un monito’ !

Elle me demande de m’allonger (le sketch continue !), je lui réponds que, là, en l’état actuel, il est non négociable que je m’allonge ! Enfin… de ma bouche sort juste un « NON » ferme.

Sagefemme : « Ce n’est pas pratique. Je ne peux pas voir » (Je me dis que je n’accouche pas à domicile pour accoucher allongée^^ !)

Elle se penche en mode ‘mécano’’ (et oui, avec les talons et la robe, c’est peu pratique^^). Et là, urgence, elle dit à Matthieu « Emmenez-moi les alèses et tout ! ». Je le sens inquiet le pauvre ! complètement perdu ! J’entends des bruits métalliques, je pense aux aiguilles et je flippe, je me demande ce qu’elle sort de sa trousse.

            Sagefemme : « Mettez-vous sur le dos ! Dans cette position, je peux rien faire. »

Moi : « Non, hors de question ! j’ai trop mal quand je bouge. Là je suis bien. »

Franchement, j’vais pas me mettre sur le dos ! Déjà qu’elle arrive à la toute fin de l’accouchement ! Elle peut s’adapter, non ? J’avais enfin trouvé ma position ! Impossible de bouger ! (En plus, Matthieu ne voit pas ma vulve comme ça, ouf, c’est important pour moi !)

Je suis en posture de yoga mi-accroupie, mi-jambes-très-écartées-pour-le-périnée. Ça me l’ouvre au maximum, je sens que ça passe. Et je pousse très très fort sur mes bras sur le sol ou sur le canapé devant moi : je me grandis à fond. Bref, le top ! Je me sens bien.

Bon, la sagefemme s’adapte. Elle a dû sentir que je ne rigolais pas. Là, la tête sort !

Sagefemme : « Poussez plus… »

Alors, je pousse, du coup je pleure. Je dis même des gros-mots (Je crois que c’est la colère qui sort d’un coup !).

Moi : « Lutain de Merle »

Sagefemme : « ah oui, quand même »

Elle tire un peu sur la tête, elle me dit qu’elle enlève un tour de cordon lâche. Je lui dis « Aie ! ça fait mal ! ». Ça me tire sur la vulve. Je veux le faire seule, je veux pas qu’elle tire. Je veux qu’il fasse son demi-tour seul le bébé. Elle me dit de pousser, qu’il reste une épaule à passer. Je repousse et ça sort.

Ouuuuuuf ! J’attrape le bébé, je le pose et je crie « baby ! baby ! » Grosse émotion. Il ne dit rien, je regarde ce gros truc tout bleu/vert, je le trouve énoooooooorme ! Je n’arrive pas à croire qu’il soit sorti de moi, il couine, ouuuuf je suis rassurée !

Et là, je vois ses énoooooormes bouliches^^ ! Je ne m’y attendais pas du tout, à ce que ce soit aussi gros ! Je trouve le bébé énorme aussi !

Je le regarde, fascinée.

Sagefemme : « prenez-le »

Moi : « Matthieu, tu veux le prendre ? »

Sagefemme : « Il y a le cordon… »

Lol…ah oui. Je prends le bébé, je m’assois. Je le fais téter. Je demande à Matthieu s’il a vu le sexe, il me dit oui.

La sagefemme me parle du placenta (Quoi déjà !!? Je pensais qu’on l’attendait au moins 30 minutes !). Elle laisse le cordon arrêter de battre puis le clampe avec une ficelle (oui ! oui !).

Sagefemme : « c’est comme ça qu’on fait dans la brousse »

On lit un texte préparé pour la venue de bébé, et un autre pour le cordon, Matthieu coupe le cordon (On avait envisagé le bébé-lotus, mais finalement non).

La sagefemme me reparle du placenta. Elle me dit de pousser doucement et elle tire légèrement sur le cordon. J’ai juste envie qu’elle me foute la paix^^ ! Le placenta sort, et là… glamour, je sens que je me vide, ça coule sur les cuisses. Heureusement Matthieu est à côté de moi, il ne voit pas.

Mais ensuite, il est très intéressé par le placenta (Du coup, il aura vu quand même rapidement entre mes cuisses… Merde !). Elle lui explique tout, comment ça marche, lui montre la poches des eaux et tout ! On le met dans un saladier pour l’enterrer plus tard (Non, je le mangerai pas !)

Puis la sagefemme appuie sur le ventre pour voir si j’ai des caillots. Aie !! je crie ! Le bébé aussi crie !

Sagefemme : « Tous pareils ces bébés, ils crient à chaque fois ».

Elle regarde le périnée. Elle touche à peine et j’ai mal. Je ne veux plus qu’elle me touche, juste qu’elle me laisse tranquille. Mais elle me demande de lever les fesses (Quelle blague ! Je suis HS !). Elle regarde, me dis que j’ai deux microdéchirures, pas besoin de points car elles sont très superficielles. Ouf ! parce que là, je l’aurai envoyée chier^^, impossible d’être touchée ! Elle me nettoie, mais ça me saoule, je préfère le faire moi-même. Je n’ai plus envie que l’on me touche. Heureusement, ça dure pas longtemps.

Elle m’aide à enfiler ma culotte-couche (un du type ‘pour fuite urinaire’, très confortable, un des meilleurs conseils qui m’ai été donnés^^). Elle me dit « Quand vous allez vous lever, vous allez avoir l’impression de vous vider, c’est normal. » (En effet, c’est arrivé, sensation très très étrange ! #glamour).

Puis, on m’allonge sur le canapé. Elle fait les papiers et nous explique deux-trois trucs, ausculte le bébé, le retourne comme une crêpe (mon dieu !), je n’ai aucun souvenir de ce qu’elle raconte à part 3,160kg et 51cm.

Ensuite contre-coup ! Je suis allongée sur le canapé avec bébé, j’ai super froid, genre je grelotte malgré l’appartement surchauffé et trois plaids, ! Matthieu me fait de l’eau chaude avec du miel, plein plein de tasses ! J’ai super soif, je lui dis « Encore, plus de miel, non ! encore pluuuus de miel. »^^

C’est la seule fois où je verrais la sagefemme le visage un peu inquiet. Puis ça passe. Je me réchauffe doucement.

Elle me dit de bien surveiller les saignements, mais elle ne parait pas inquiète. Elle s’en va, on alterne petite tétée, câlin, micrododo. Je me sens HS. Matthieu range et nettoie un peu, vide les poubelles de serviettes, draps et alèses sales, mais il y a peu de sang en fait. C’est pas du tout une boucherie comme on pensait.

Et on prévient les gens^^

Avec le recul…

  • je suis très contente d’avoir fait du yoga ;
  • l’épi-no aussi [ndlr : un système d’entrainement à l’ouverture périnéale et de tonification du plancher pelvien avec utilisation d’un ballonnet gonflable], les massages périnéaux (mais j’ai commencé tard, deux-trois semaines avant le terme… peut être que si j’avais massé plus, j’aurais rien eu du tout). La déchirure ne fait pas mal, elle a brûlé juste la première fois quand j’ai rincé, puis plus rien ! J’appréhende à chaque fois d’aller aux WC mais en y allant doucement, tout se passe bien) ;
  • Le chant prénatal m’a aidé, mais au final les sons sortaient tout seuls… Donc je pense que la vocalisation est plutôt instinctive ;
  • J’avais fait de l’autohypnose, mais impossible à refaire sur l’instant ;
  • J’avais aussi fait une séance d’hypnose avec ma super copine coach hypnothérapeute, séance dont le thème était la confiance en soi pendant l’accouchement et ma capacité à écouter mon intuition en cas de souci. Je pense que cette séance a été fondamentale^^ (merci copine !).

            Et…

  • Contente que Matthieu ait géré l’orga du début, puis qu’il ne soit pas resté. Je le voyais crevé, je lui ai dit d’aller dormir. J’avais besoin d’être seule, dans ma bulle, de me lâcher si besoin, de chercher mes postures, d’aller aux WC tranquille, de ne pas être observée, j’ai éteins toutes les lumières (et on est resté 3jours dans la pénombre avec bébé), pas de musique non plus. J’ai eu besoin de lui deux fois, je l’ai appelé et il est venu direct, puis reparti. À la fin, il observait de loin, mais je ne l’ai pas vu et tant mieux : j’aurais peut-être pas été pareille sinon, pas aussi à l’aise.
  • Accoucher est une sorte d’état de transe intercalé de douleurs, c’était assez perturbant pour lui. Matthieu est resté fort comme un roc, c’est bien ! Je savais que je pouvais compter sur lui en cas de souci.
  • Au début, il a proposé des choses : « On fait un massage ? on respire ? on va sur le ballon ?  on se suspend à l’écharpe ? » Trop mignon, il a tout bien fait ce que l’on avait écrit sur la liste, et en fait, je lui ai dit : « Non, vas dormir. Laisse-moi. » ou je répondais « non merci ». Je suis restée douce en lui parlant malgré la douleur parfois. (J’avais peur d’être désagréable !)
  • Je n’ai pas mangé après mes frites de 22h… que je n’ai pas pu finir. J’ai juste bu des litres de tisanes de framboisier ! Matthieu, trop chou, me proposait des dattes, mais je disais « non, non »,   il me saoulait avec ses dattes lol ! Il me les emmenait partout, le pauvre, il devait pas savoir quoi faire, je disais ‘non’ à tout, je n’avais pas faim du tout.
  • J’avais peur de le vexer, mais j’avais pas envie d’être touchée, massée, ni de me suspendre, ni bain… rien^^. Pas du tout comme je croyais ! Il n’a pas du tout été vexé. Il a même été soulagé de pouvoir aller dormir un peu.
  • Un moment, dans la nuit (aucune idée de quand, mais c’était surement quand j’aurais tout donné pour une péridurale ou une césa !), j’ai pensé : « Putain Matthieu qui dort, je le hais !, comment il fait ? J’aimerais tellement dormir moi aussi ! Et la sagefemme dort aussi ! Et tous ces gens dans le monde qui dorment, je les hais !! »^^
  • Je n’ai pas du tout fait les postures que je pensais faire : un peu de quatre pattes et seulement au début, …pas accroupie, …pas de suspension, …pas de ballon, …pas de bain (seulement deux douches courtes).
  • Je n’ai pas du tout été à l’endroit où je pensais accoucher. Je me suis laissée porter par le corps, la douleur. J’ai beaucoup subi aussi.

Sacrée expérience, je ne le referais pas tous les jours ! (et là, je me dis : « plus jamais d’enfant ! mettez-moi un stérilet ! »). J’ai d’ailleurs dit à la sagefemme juste après l’accouchement : « plus jamais d’enfant », elle a ri. J’ai mis 4mois à oublier la douleur que c’était.

Mais je n’ai pas eu peur, pas une seule seconde, ni pour moi, ni pour le bébé. Je l’ai senti bouger tout le long sauf pendant l’engagement.

J’ai ressenti une énergie très forte de guerrière.

Et après l’accouchement j’étais rincée, mais je me sentais puissante.

Welcome In Post Partum

Cette sensation de puissance suprême a disparue 7 jours après, tout pile. Le vendredi, j’ai pleuré 1 heure, sans raison, sans tristesse. J’ai juste pleuré. J’ai demandé à la sagefemme si c’était ça la descente d’hormones. Elle n’a pas répondu.

Ensuite je me sentais plutôt vulnérable et fatiguée.

Au début le bébé se réveillait une fois dans la nuit, on dormait 4-5 heures, puis réveil, puis on dormait 4-5 heures, on a même dit « Oh ben finalement, c’est facile » (#naiveté). On avait même du temps le matin quand bébé dormait encore seul dans sa chambre. On se reposait peu.

Puis… nuit : réveil toutes les 2 heures, là, grosse claque, j’étais au bout de ma vie.

Et après on est parti sur un rythme de réveils nocturnes toutes les 3 heures avec grosses siestes en journée et tétée non-stop.

La sagefemme nous a même dit à trois semaines postpartum : « Ah bon ? il ne fait pas ses nuits ? » (Un sketch sans fin cette femme^^)

À suivre

Photos : Camille Vernat, Matthieu avec Malo

Pour contacter Camille Vernat (Masseur Kinésithérapeute-Ostéopathe, enseignante de Yoga) : @camille_osteo_yoga