Aujourd’hui, je partage avec vous le témoignage de Camille, maman d’un petit garçon de 14 mois, mais aussi kiné-ostéo, masseur et professeure de yoga. Elle vous y parle d’haptonomie prénatale et postnatale, à travers son expérience durant la grossesse et le postpartum… Elle vous fait aussi un récap’ sur l’importance de la notion et du ressenti de la « base » en haptonomie.
Comment j’ai connu l’hapto
Mon histoire avec l’haptonomie a commencé il y a quelques années, lorsque je commençais à me renseigner sur le monde de la parentalité.
Je voyais ce sigle épinglé sur les plaques des sagefemmes, sans réellement en connaitre le sens. Mais intuitivement je savais déjà que je ferais ce choix plus tard.
J’avais effectué des recherches sur Internet sans jamais trouver quoi que ce soit de clair sur cette technique, mis à part un annuaire des thérapeutes la pratiquant et la signification « science de l’affectivité ».
J’étais à la fois intriguée et frustrée de ne pas pouvoir m’y former (car, d’après ce site, seuls les psychologues et sagefemmes le pouvaient).
Les années sont passées.
Mon expérience avec l’hapto pendant ma grossesse
Lorsqu’on a découvert notre grossesse surprise, on a souhaité un AAD (accouchement à domicile). La sagefemme que l’on avait choisie pratiquait l’haptonomie (de plus, remboursée dans ses séances ! ce qui est rare).
Je n’ai donc pas envisagé une seule seconde un autre choix.
Et c’est un regret ; j’aurais préféré payer pour une séance non remboursée, mais de qualité.
En effet, nos séances d’haptonomie prénatales étaient très courtes (15mn), peu accompagnées, pas suivies, et incomplètes (même « bâclées » à notre goût).
Dans les séances je suis allongée, habillée. Matthieu est habillé, debout à côté de moi et communique avec bébé grâce à sa voix et ses mains. Je peux suivre la réception de bébé aux paroles et au toucher du futur papa, en live. LE KIF !
La sagefemme nous préconise de pratiquer plutôt en journée, moins le soir, pour indiquer au bébé un « rythme jour-nuit ». Mais avec nos travails respectifs, nous faisions cela surtout le soir.
Lorsque Matthieu rentrait du travail, bébé rebondissait dans mon ventre.
Mais je sentais au fond de moi que quelque chose me manquait dans les séances. On pratiquait souvent à domicile, mais cela restait trop superficiel à nos yeux.
Avec la sagefemme, on est resté tout le long de la grossesse dans l’exercice de base « inviter le bébé à bouger » ; jamais un mot sur notre placement, nos ressentis. On a malgré tout pratiqué d’autres exercices par nous-mêmes grâce à des lectures.
Quand on sollicitait notre sagefemme pour d’autres exercices, elle répondait : « On verra ça plus tard ».
La plupart des gens ne comprenaient pas ma frustration. Mes amis avaient fait une seule séance, avaient justement arrêté car, pour eux, « faire bouger son bébé » (ce sont leur mots) ne nécessitait pas cet investissement.
Or, pour moi, c’était bien plus que ça.
Étant kiné-ostéo & enseignante de yoga, dans chaque discipline, le placement est primordial à mes yeux. Et avec mon chéri, nous aimons tout ce qui se rapporte à la communication.
Pour moi l’haptonomie touche à la fois à la posture, à la mécanique, au physique, mais aussi à la posture émotionnelle, à notre ancrage, à la communication, à la sécurité émotionnelle… (je manque de mots…)
Pour tout cela et surement pour bien d’autres raisons, c’est une discipline noble dans mon cœur.
J’avais la sensation tenace de passer à côté de quelque chose de primordial dans cette expérience prénatale.
Au 9ème mois, à 2 semaines du terme, on demande à la sagefemme les fameuses techniques (dont j’avais entendu parler plus tôt) pour favoriser et accompagner l’accouchement. Elle nous répond : « On a encore le temps »… À force d’insister, elle finit par nous montrer un exercice.
Le jour de l’accouchement, l’envie d’accoucher seule est plus forte que tout. Je n’ai donc pas besoin (ni envie) de solliciter mon conjoint à participer. J’ai utilisé pour seule technique issue de l’haptonomie celle apprise au dernier rendez-vous !
Pour le reste de l’accouchement, je me suis inspirée de lectures faites pendant la grossesse et mon corps a tout fait intuitivement.
Mon expérience avec l’hapto après ma grossesse
Notre sagefemme nous avait promis un suivi en hapto postnatal, mais elle n’a jamais donné suite. Là, je me suis sentie très en colère et frustrée de ne pas continuer.
Un soir, mon conjoint me retrouve en pleurs ; je m’abreuvais de vidéos et de conférences sur l’hapto. Je n’avais qu’un souhait : celui de pratiquer l’hapto postnatale le plus rapidement possible avec bébé !
Pourquoi tant d’émotions ? Je ne l’explique pas, c’était plus fort que moi. J’avais toujours cette impression d’avoir manqué un truc incroyable en prénatal !
Pour les 3 mois de bébé, je me suis mise en quête d’un thérapeute.
Surprise ! Je trouve Sandra, sur Internet. Elle est à 10mn de chez nous !
J’ai immédiatement pris rendez-vous, « au feeling », juste en consultant son site.
Première séance postnatale :
Waouh ! le jour et la nuit entre l’hapto prénatale et postnatale.
Grosse claque !Je découvre que nos séances prénatales étaient vraiment ‘baclées’.
Sandra nous cocoone 1h-1h30, nous met à l’aise, nous offre à boire et de quoi nous restaurer.
Le plaisir de partager un moment « slow » avec mon conjoint et le bébé est palpable. Instant hors du temps tous les 3, dans ce « speed » du postpartum.
La première séance, on fait connaissance, on parle de la grossesse et de l’accouchement.
Je fais aussi sortir de la colère contre cette sagefemme qui ne nous a pas pris au sérieux et est arrivée trop tard (à notre goût) pour l’accouchement (la tête sortait).
J’ai les larmes aux yeux tout le long de la séance.
Nous y retournons tous les mois au début, puis lors des périodes charnières.
Je touche enfin du doigt ce que je venais chercher, apprivoiser ce positionnement « hapto » si particulier, cette technique si unique que j’ai (longuement) recherchée.
J’aime découvrir de nouvelles techniques, qui flirtent beaucoup avec des exercices appris en kiné ou en yoga.
Acquérir du savoir-faire précieux : bercer bébé, le calmer, comment le positionner, le faire bouger en respectant le positionnement hapto…
Lorsqu’on voit le médecin pour le bébé, les séances sont courtes (« ça va ? oui ça va. ») et ne concernent que le coté médical. Sandra nous offre, elle, cet espace sacré, cette écoute emphatique avec le savoir-faire de la professionnelle de santé. Elle nous permet d’extérioriser nos émotions. C’est un moment où l’on se confie avec mon conjoint.
1h-1h30 de séance nous permet de poser des questions sur la vie de bébé, son évolution au sens large, de poser nos joies, nos craintes. Également, d’assouvir notre besoin d’être rassurés.
Pour l’allaitement et le sommeil notamment. Mais plein d’autres choses aussi : « C’est normal qu’il se mette à jeter non-stop depuis quelques jours ? – Oui, c’est même super ! » Ok, ouf c’est normal ! « C’est normal qu’il dorme puis qu’il se re-réveille plein de fois ? – Oui, c’est une période charnière de son développement cérébral. ». Ok ; ouf. On souffle et on gère.
Sandra est un vrai couteau-suisse qui nous apporte son savoir et nous épaule dans ces phases de changements parfois déstabilisantes (chez nous, surtout vers 4-5mois de bébé).
Confiants et revigorés, on comprenait et gérait mieux la difficulté après chaque séance et entre les séances.
Conclusion de cette aventure
Pour moi, il est primordial de choisir son thérapeute et d’en changer au besoin.
Notre bien-être (voire même, notre rapport à la grossesse et à l’accouchement) découle de son approche.
Le temps passé en séance est important à mon sens (15mn c’est beaucoup trop court à mon goût) et le prix de la séance est amplement justifié.
C’est un moment unique avec son bébé. On y tisse un lien indéfectible.
Si j’avais rencontré Sandra plus tôt nous aurions fait l’hapto prénatale avec elle, et je l’aurais également sollicitée pour ses services de doula. En pré et postpartum.
Je trouve important de s’écouter, pour toutes décisions et choix.
Parfois, dans les moments difficiles, notre petite voix intérieure est chuchotante. Des gens comme Sandra sont là pour ça : l’écouter et nous rassurer. Il est à mon sens primordial d’avoir des piliers de soutien.
Surtout dans ces périodes sensibles que sont la grossesse et le postpartum, où on est à la fois très fortes et très vulnérables.
Ce que nous avons constaté de l’effet de l’hapto prénatale et de l’hapto postnatale
Je ne peux pas témoigner de l’efficacité de la technique pour accoucher, néanmoins j’ai senti mon bébé bouger tout le long (12 heures), s’engager dans le bassin, j’ai ressenti ma connexion avec lui, je n’ai pas eu peur une seule seconde (mal ? oui^^).
Je lui ai parlé, je l’ai appelé et je restais centrée sur lui.
Quand il est né à la maison, il était très calme, sans pleurs les premiers jours.
En éveil, il a toujours cherché la verticalité. Il n’aimait pas être en berceau.
Je suis persuadée que tout ce que l’on a mis en place pendant et après la grossesse a joué dans le caractère « calme », « observateur » et « acteur/décideur » de notre bébé.
Pour aller plus loin dans le concept, l’hapto se jumelle aussi avec nos valeurs de vie et nos valeurs éducatives.
Le bébé est une personne, acteur de son développement. Nous sommes là pour le respecter, l’écouter, l’aider, le soutenir, le guider sans le forcer. En nous connectant à lui.
C’est ce que l’on a retrouvé dans les exercices d’hapto.
Et cerise sur le pompon, l’hapto est très basée sur la « base » (redondance, quand tu nous tiens). Là, c’est mon cœur de thérapeute qui parle. Je cite ici des extraits du texte de Marion Leuger [ndlr : psychomotricienne et accompagnante à la parentalité bienveillante, installée dans le nord de la France] qui font sens pour moi, et en lien avec la base, le socle, le bassin :
« Pièce fondamentale dans le corps humain mais aussi dans les étapes de développement psychomoteur. Pièce socle, fondement d’une bonne stabilité corporelle lors de la verticalisation et d’un bon maintien de la colonne vertébrale.
Accompagner l’enfant dans cette bonne intégration et mobilité du bassin pour favoriser un développement psychomoteur harmonieux, cela s’applique dès la naissance grâce au bon portage à bras ou en écharpe. »
—>Attention spoiler^^, on apprend cela aussi en hapto !
« Accorder cette importance particulière au bassin, c’est offrir à l’enfant la possibilité d’un bon ancrage corporel sur l’adulte qui l’accueille, mais aussi de se sentir compétent et rassuré en cas de changement de posture. »
—> Toutes ces techniques pré et postnatales sur la base nous permettent de rassurer notre enfant, le sécuriser et lui donner un ancrage dans la vie. On fait ça en hapto !
Alors, qui dit mieux
Camille.
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Et contactez Camille Vernat si le cœur vous en dit (Masseur -je la recommande +++-, Kinésithérapeute-Ostéopathe, enseignante de Yoga) : @camille_osteo_yoga
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