Sandra Cornaz

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Participez à cette recherche ! Les enjeux de l’haptonomie prénatale dans le devenir père

Astrid de La Bourdonnaye, étudiante en Psychologie, cherche des témoignages de futurs papas se préparant en couple à l’accouchement et à la parentalité avec l’haptonomie. Son travail vise à mieux cerner comment les futurs papas ayant choisi l’haptonomie investissent leur rôle.

  • Vous êtes futur papa pour la première fois et
  • Vous faites des séances d’haptonomie ?

Vous pouvez soutenir cette recherche (45mn-1h d’entretien tél ou visio, avant le 20 juin 2020) ! Contactez Astrid : delabourdonnayeastrid@gmail.com – 06.06.86.88.71 (ou contactez-moi).

Le sujet vous intéresse ? Dans cet article, Astrid de La Bourdonnaye vous présente ses recherches sur l’évolution de la paternité, de la place du père dans la société depuis le siècle dernier, sur le développement de l’homme et sur l’haptonomie.

Astrid de La Bourdonnaye
Astrid de La Bourdonnaye
delabourdonnayeastrid@gmail.com – 06.06.86.88.71

Le devenir père et l’accompagnement à la naissance par l’haptonomie

L’étude du développement de l’homme et des remaniements intérieurs qu’il vit pendant la période prénatale constitue un intérêt assez récent dans la recherche en psychologie.

Ayant un intérêt prononcé pour la périnatalité en psychologie et voyant que les travaux de recherche sur le père pendant cette période, et plus encore en prénatal, se faisaient rares, nous avons eu envie de comprendre ce qu’il en été de ces questions intérieures, ces mouvements psychiques à l’œuvre chez l’homme devenant père. Ce sujet nous amène à regarder en arrière et à observer l’évolution de la vision et de la place du père dans la société, et ce que cela entraîne dans le développement psychologique de l’homme. Devenir père, selon les chercheurs, constituerait une phase développementale à part entière.

L’implication des pères pendant la période périnatale est de nos jours de plus en plus visible, chez la plupart des couples. Les évolutions sociétales ont entraîné des recherches scientifiques qui démontrent les bienfaits qu’un père présent, et conscient de l’importance de son soutien, peut avoir sur sa conjointe et le bébé pendant la grossesse de la femme, et après la naissance.

Depuis le début du XXe siècle, le père a davantage de place et un rôle plus important pendant la grossesse et à la naissance de son enfant. Il peut participer aux séances de préparation à la naissance, visant à rassurer, conseiller, préparer la mère et/ou le couple à bien vivre l’arrivée concrète du bébé.

Certaines de ces approches sont davantage tournées vers le père. C’est le cas de l’haptonomie pré/post-natale, qui vise à créer une relation père-mère-bébé in utero.

Il s’agit clairement d’un choix bien particulier que font ces couples. Cela nous amène à nous demander ce qui a provoqué ce choix, en particulier chez le père.

Comment se caractérise le devenir père de ces hommes ? Sont-ils dans une dynamique particulière de construction de lien à leur enfant ?

1. La place du père dans la famille : quelle évolution ?

Depuis le siècle dernier, la place et l’incarnation du rôle du père ainsi que sa posture envers l’enfant ont considérablement évolué.

En effet, le père représentait traditionnellement une figure de puissance, de pouvoir et d’autorité, une figure qui représente la loi, selon les propos énoncés par Delassus lors d’un congrès sur les pères en 2000 (cité par Huret, 2005). Le père représentait le chef de famille, chef de la maison, celui qui permet notamment à la famille de subsister. La place du père a été longtemps associée à celle du patriarcat, montrant une autorité prépondérante et exclusive. Le statut de l’homme est longtemps resté lié à sa virilité et aussi à celui d’une forme de domination comparativement au statut de la femme. Le père était occupé à son travail quand la mère devait s’occuper des enfants et de l’entretien de la maison, ce qui montre une image d’un père distant de ses enfants (Huret, 2005).

Après la Seconde Guerre Mondiale, le baby-boom et le mouvement de liberté de Mai 68, les rapports hommes-femmes évoluent et se modifient. L’image des pères viriles et autoritaires est progressivement redessinée, occasionnant chez certains une difficulté à se situer. La libéralisation de la procréation avec l’apparition de l’aide médicale à la procréation (PMA / AMP) contribue à redéfinir la fonction des pères. L’image des père se retrouve démultipliée, fractionnée en différentes identités… telles « l’homme dont l’enfant porte le nom », « le père biologique » dont la paternité fait l’objet d’une analyse génétique, « le mari, le compagnon de la mère » ou encore « celui qui habite avec l’enfant, qu’il élève » (Huret, 2005, pp. 21-48).

La référence au patriarcat est jugée désuète et le pouvoir paternel est désacralisé. Les pères prennent de l’autonomie dans leur rapport à l’enfant. L’autorité des pères est « plus souple et consensuelle », et ils exercent une « paternité de proximité ». Selon Castelein-Meunier (2005), il y a de nos jours « un déplacement d’une paternité symbolique à une paternité de lien » (p.139).

De plus, le père prend un rôle important pendant la grossesse (Relier, 2005), agissant au niveau de l’équilibre psychoaffectif du couple. Il est un soutien émotionnel pour sa conjointe et une protection contre ce qui pourrait entraver le bon développement du fœtus.

Cette protection semble avoir un réel impact sur l’enfant dans le ventre puis déjà né. Elle est rendue possible par la communication que le père établit avec son futur enfant, grâce à la parole et au toucher de celui-ci et au développement des fonction sensorielles et perceptives du fœtus, aussi capable de s’exprimer.

Avec l’haptonomie prénatale, une relation entre le père et son bébé, autre qu’imaginaire ou pensée, prend bel et bien forme à travers la communication par le toucher.

2. La préparation à la naissance par l’haptonomie

L’haptonomie est une science phénoméno-empirique créée par un kinésithérapeute hollandais, Frans Veldman, au milieu du XXème siècle et apparue en France dans les années 1980. Veldman la définit comme la « science de l’affectivité ». Le mot haptonomie a été créé à partir des racines grecques haptein qui signifie toucher, et nomos qui désigne les lois, la mesure.

Décant-Paoli (2002, pp.22-29) explique que l’une des principales caractéristiques de l’haptonomie est l’« affirmation existentielle de l’autre : « c’est le constat et l’acceptation – la reconnaissance – de l’existence de l’autre : reconnaître qu’il est là, dire oui à son existence ». C’est la « deuxième forme de la rencontre, l’affermissement rationnel de l’existence, une validation intellectuelle de l’existence concrète de l’autre, qui suppose la justification […] de sa réalité fonctionnelle, une affirmation réciproque, qui joue un rôle important dans les rapports sociaux ». L’haptonomie permet de plus la « confirmation affective de l’être, [la forme de la relation] la plus importante pour le développement affectif », parce qu’elle consiste en l’estimation de l’autre, en l’assurance de son authenticité.

Décant-Paoli (ibid.) ajoute que « l’haptonomie accorde une grande importance à la corporalité animée de la rencontre, c’est-à-dire la manière dont nous signifions notre présence à l’autre ».

            L’haptonomie fait l’objet de nombreuses applications, mais celle qui nous intéresse dans cette recherche concerne l’accompagnement prénatal et l’inclusion du père dans la relation mère-enfant.

Selon Dolto et Décant-Paoli (2002, p.75), l’haptonomie permet au couple de découvrir « comment mettre en jeu [ses] facultés affectives pour rencontrer et communiquer avec [son] enfant dans le contact psychotactile affectivo-confirmant plein de tendresse et d’amour ».

Cet échange implique un engagement affectif des deux parents et nécessite d’être exploré entre les séances. Il s’adapte aux différents moments de la grossesse, évolue, progresse. C’est pourquoi il est suggéré aux couples de commencer avant le sixième mois de grossesse, de sorte de donner au couple le temps de maturer la relation affective haptonomique avant la naissance de l’enfant.

Les mères pratiquant l’haptonomie peuvent ressentir leur bébé bouger et entrer en contact dès le quatrième mois, voire avant quand elles sont multipares. Selon Dolto et Décant-Paoli (ibid.), grâce à cette relation affective précoce qui se crée entre les trois acteurs, l’enfant aura « le sentiment de se vivre comme bon, ce qui lui permet de développer un sentiment de sécurité, essentiel pour l’épanouissement du soi et le développement de son individualité » (p.76).

Selon ces haptothérapeutes, grâce à la communication par le toucher, le père rendrait sa présence essentielle pendant la grossesse et l’accouchement, mais aussi en postnatal.

  • L’haptonomie permet au père de prendre sa place « sans retard dans la relation triangulaire au plus grand bénéfice des trois membres de la triade », puisque l’enfant dans le ventre saisit qu’il n’est pas seulement en binôme avec sa mère.
  • Il découvre progressivement son autre rôle primordial : « Il constitue le recours affectif de la mère, la soutient, l’accompagne et l’accueille ».
  • Il se prépare à sa fonction de contenant, de protecteur pour son bébé, fonction appelée le holding. Cela participe à sa « continuité d’être » (Winnicott) et à la reconnaissance de sa « fonction alpha » (Bion). La contenance par le père faciliterait en outre chez l’enfant la transformation en contenus psychiques de ses angoisses et de ses expériences émotionnelles chaotiques décrits dans ses pleurs. Selon Ciccone (2012), cette formation symbolique constituerait les premiers pas dans l’élaboration de la pensée chez le bébé.
  • Pendant l’accouchement, le couple peut utiliser l’haptonomie pour garder un lien sécurisant pour l’enfant, et le père peut de ses mains guider l’enfant dans son voyage de naissance.
  • En postnatal, l’approche haptonomique sert encore la place du père qui, aux côtés de la mère, favorise l’éveil et le développement psychomoteur de l’enfant, jusqu’à l’apprentissage de la marche.

En somme, les pères sont de plus en plus invités à s’investir dans la préparation à la naissance et à la parentalité, que ce soit dans les séances dites « classiques » ou dans des séances spécifiques comme l’haptonomie. Le choix de l’haptonomie prénatale ne semble pas anodin. Il fait l’objet d’une réflexion et d’une décision de couple, tant il engage les deux membres sur de nombreuses séances et sur des temps de rencontre à 3 papa-maman-bébé (voire plus) à la maison.

Nous nous interrogeons de ce fait sur la particularité de cet engagement chez les pères…

Et vous ?

>>>> Pour quelles raisons avez-vous choisi l’haptonomie ?

>>>> Quels bénéfices ressentez-vous ?

Contactez-nous pour nous partager votre expérience ou exprimez-nous dans les commentaires !

Je m’appelle Astrid et suis étudiante en Psychologie à Angers. Après ma licence, j’ai choisi de m’orienter en Psychologie Clinique, car l’accompagnement individuel et le soin m’intéressaient plus que l’étude des groupes ou le domaine du travail. Mon master est spécialisé dans le Développement, c’est-à-dire que j’étudie tous les âges de la vie humaine, et aussi les développements pathologiques (troubles du développement et handicaps, pathologies mentales…). Le développement regroupe aussi les événements de vie, qui vont influencer le cours de la vie, engager des évolutions. C’est un domaine, entre bien d’autres, qui m’intéresse particulièrement en ce moment, notamment la maternité et ce qui l’entoure : la périnatalité.

Avec cet intérêt, et en particulier pour le prénatal, j’en ai fait le sujet de mon mémoire de recherche. Voyant que les recherches du côté de la femme et de la maternité étaient déjà bien fournies, j’ai trouvé plus intéressant de me tourner vers la paternité, domaine assez peu exploré en périnatalité, encore moins en prénatal. Petit à petit, mes recherches ont donc évolué vers le devenir père. J’ai découvert l’haptonomie dans le cadre de mes recherches, m’apercevant que cette approche mettait en valeur l’implication des pères pendant la grossesse de leur femme/leur compagne et les premiers mois de l’enfant.

Ma recherche porte donc sur le devenir père, plus particulièrement les pères qui se préparent en couple à la naissance avec des séances d’haptonomie prénatale.

Merci de votre attention et de l’intérêt que vous portez à ma recherche.

Je m’engage à respecter l’anonymat des personnes et leur libre consentement, et bien entendu à garder le secret professionnel.

Astrid de La Bourdonnaye
delabourdonnayeastrid@gmail.com – 06.06.86.88.71

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Bibliographie

  • Castelain-Meunier, C. (2005). « La paternité : une institution en reconstruction », Les Métamorphoses du Masculin. Paris, Edition PUF.
  • Ciccone, A. (2012). Contenance, enveloppe psychique et parentalité interne soignante. Journal de la psychanalyse de l’enfant, vol. 2(2), 397-433.
  • Décant-Paoli, D. (2002). L’haptonomie: L’être humain et son affectivité. Paris cedex 14, France: Presses Universitaires de France.
  • Huret, J. (2005). Dans la famille… Je demande le père. Toulouse, France: ERES.
  • Relier, J. (2005). Le rôle du père avant la naissance. Dans : Jean-Claude Huret éd., Dans la famille… Je demande le père (pp. 9-19). Toulouse, France: ERES.

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Photos

  1. Tawny van Breda. Site Pixabay
  2. Astrid de La Bourdonnaye (delabourdonnayeastrid@gmail.com – 06.06.86.88.71)
  3. Melanie Tickell. Site Pixabay

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